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mercredi 19 septembre 2018

Faut-il être pour le Service National Universel ?

Après des commentaires multiples dans la presse, c'est dans le silence de l'été que l'Elysée peaufine son projet majeur pour la Jeunesse : la réconciliation des jeunes et de la République à travers une période intense de vie collective et de formation citoyenne.

Ce projet a pour nom "Service national universel", et une série de problèmes pratiques (logement, transport...) à résoudre pour voir le jour. Mais peu importe, le service national jadis supprimé sera rétabli, et il sera universel, quand le service militaire touchait au plus haut 67 % d'une classe d'âges et seulement les garçons. Si vous voulez contribuer à sa mise en oeuvre, vous pouvez participer à une large consultation en ligne lancée par le Gouvernement (Le Service National Universel se crée avec vous, donnez nous votre avis)

Rappel du contexte

La « conscription » et le service militaire font partie de la mémoire collective, avec désormais une image plutôt positive, celle d’un « soldat-citoyen », et les armées ont, elles aussi, plus globalement un a priori favorable dans l’opinion. Cela tranche largement avec l’image du « bidasse », peu valorisante, qui mettait en avant le peu d’intérêt de ces mois qu’une partie des jeunes hommes de notre pays (65 % environ) passaient « sous les drapeaux ».

Quant à l’idée d’un service civil, assez floue après la suspension du service national en 2001, elle sera concrétisée en 2010 par le Service Civique, dans un contexte déjà marqué par le questionnement de la cohésion nationale, à partir des événements qui ont suivi le décès de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois. D’autres dispositifs seront créés, impliquant l’Education nationale et la Défense, comme les Cadets de la Défense, les classes Défense et Sécurité, ou encore service militaire adapté ou volontaire. Avec l’EPIDE (initialement « Défense Deuxième Chance »), les armées, composées désormais de professionnels du combat, s’affirment paradoxalement plus encore comme un partenaire de l’action sociale.

Aujourd’hui, le Service Civique est un succès. Dispositif d’engagement volontaire, il répond à ce jour aux aspirations des jeunes (défendre une cause, se rendre utile, s’engager au service des autres tout en se préparant à la vie active), toujours plus nombreux à le réaliser (les objectifs sont fixés 150 000 jeunes par an). L’idée de le rendre universel (90 % des 16-25 ans se disent enthousiastes à l’évocation du service civique et en ont une bonne image) est très souvent évoquée. Il est néanmoins contesté, en raison de pratiques très inégales dans les organismes d’accueil (substitution d’emplois, manque d’encadrement, moyens insuffisants pour réaliser les projets…).

Engagement de campagne du candidat Macron, le projet de Service National Universel dont les contours étaient flous semble devoir se concrétiser rapidement autour d’objectifs de mixité sociale et d’engagement de tous les jeunes français dans des actions d’intérêt général.
Ce service national universel, encadré par les armées et la Gendarmerie nationale, s’adressera aux jeunes femmes et hommes aptes de toute une classe d’âge. Au travers d’une expérience directe de la vie militaire, chaque jeune français ira ainsi à la rencontre de ses concitoyens, fera l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine durant un mois. (Emmanuel Macron, 18 mars 2017)

Cette promesse électorale s’explique entre autres par le constat, dans les sondages d’opinion, d’une large majorité en faveur d’un service militaire obligatoire. 85,6 % des sondés par l’IFOP en 2016 pensent ainsi que les valeurs prônées pendant ce service serait bénéfiques aux jeunes. Autant pensent nécessaire pour la société française de disposer d’un outil d’intégration puissant qui pourrait, outre un brassage des différents milieux sociaux, assurer une transmission des valeurs républicaines et renforcer la cohésion nationale. (éléments rapportés par Bénédicte Chéron, historienne et enseignante à l’ICP, dans la note de recherche de l’IRSEM - Ecole Militaire n° 53 d’avril 2018).
L’actualité

Depuis les élections présidentielles, plusieurs hypothèses ont été avancées pour la mise en place du Service National Universel. Des objections de tous ordres ont été opposées, notamment économiques, mais rien ne semble aujourd’hui pouvoir s’opposer à la mise en œuvre d’un large dispositif d’engagement obligatoire, pratiquement dessiné dans les conclusions du rapport rendu le 26 avril dernier par le Groupe de Travail SNU désigné par l’exécutif et confié au général Ménaouine. Les premières expérimentations sont annoncées pour 2019.

Juliette Méadel, ancienne ministre, membre du groupe de travail sur le Service National Universel, évoquait ce rapport sur France Inter en présentant le projet comme une véritable révolution et qu’ainsi avec le SNU c’est toute la société, les jeunes bien sûr mais aussi leurs parents, grands-parents, leurs frères et sœurs et qui va se mettre en mouvement : envoyer quelques mois des jeunes au service d'autrui pour une mission d'intérêt général avec à cœur d'être utiles de donner un sens à sa vie à son engagement oui, c'est un projet de société (sic).

La presse s’est fait par ailleurs écho de la volonté du Président de la République de consulter cet automne les jeunes français sur le dispositif, à travers les associations, les syndicats d’étudiants et de lycéens, et peut-être d’autres canaux (consultation massive en ligne ?). Ces consultations ont été lancées par le Premier Ministre Edouard Philippe, en Avignon, il y a quelques jours (https://www.ledauphine.com/vaucluse/2018/09/14/edouard-philippe-a-avignon-son-discours-les-reactions-des-jeunes).

Ce que nous savons du dispositif envisagé

Le but du Service National Universel :
Permettre à la jeunesse d’acquérir les éléments essentiels pour un civisme actif au sein d’une société qui perçoit les menaces et les dangers pesant sur elle, et lui proposer des possibilités d’engagements lui permettant de déployer des talents à des fins d’altruisme et de solidarité. (GT SNU)

En pratique, le SNU doit :
- Etre l’occasion pour une classe d’âge entière de rencontrer et de partager la vie de personnes du même âge que des trajectoires sociales individuelles ne permettraient sans doute pas de se côtoyer ;
- Permettre de confier à chaque jeune une responsabilité et de le reconnaître capable de l’exercer alors même que l’échec scolaire ou sociale a déjà pu frapper ;
- Assurer l’adhésion à un projet collectif et favoriser le lien social ;
- Préciser des choix d’orientation par la découverte de milieux professionnels.

Les objectifs annoncés du projet :
1. Permettre la cohésion sociale et nationale (mélange des sexes, des origines sociales et géographiques, des cultures, des mœurs) en faisant se rencontrer une génération à l ‘âge où elle acquiert les principaux repères qui vont structurer sa vie sociale ;
2. Prendre conscience des enjeux de la défense et de la sécurité nationale et déterminer le rôle que chacun peut y jouer ;
3. Affirmer les valeurs de solidarité pour provoquer une implication personnelle au service d’autrui et de la communauté nationale ;
4. Donner à chacun une fierté, le sentiment d’une utilité propre dans un rôle à jouer pour construire l’avenir.

On observera que ces objectifs sont présentés comme complémentaires au « parcours citoyen » qu’est devenu l’éducation civique scolaire, et qu’il est difficile de ne pas y discerner une forme de constat d’échec de l’Education nationale dans sa capacité à développer une forme de culture républicaine, tant sur le plan des valeurs de référence que sur le brassage des populations.

Le déroulement :
Le SNU se présente comme la fin du « parcours citoyen » proposé à l’école et au collège (programme d’EMC – enseignement moral et civique) dont le but est, rappelons-le, d’associer dans un même mouvement la formation du futur citoyen et la formation de sa raison critique, l’élève acquérant ainsi une conscience morale lui permettant de comprendre, de respecter et de partager les valeurs humanistes de solidarité, de respect et de responsabilité (source Eduscol).

Le SNU se déroulerait en 2 phases majeures :
1. Temps de cohésion et de projet collectif (obligatoire)
2. L’engagement volontaire

Le temps de cohésion et d’engagement est conçu comme un stage résidentiel d’au moins 12 jours sans retour au domicile, suivi immédiatement ou brièvement différé d’un temps d’action collective. Cette étape se déroulerait dans l’année suivant la 3ème, sur les congés scolaires (sauf vacances de Noël et mois d’août). Son contenu ressemble à une journée défense et citoyenneté étendue (bilan de santé, bilan de compétences simplifié, présentation des forces armées, cybersécurité…) émaillée de moments de cohésion (activités de groupe, sportives ou non). A l’issue les jeunes participeraient à une période de préparation à l’engagement (soit de type préparation militaire, soit à travers la réalisation d’un projet collectif par exemple dans le cadre scolaire ou des collectivités territoriales).

5 modules sont envisagés :
- Développement personnel (de la détection de l’illettrisme à des entretiens d’orientation professionnelle en passant par la mise à niveau informatique)
- Résilience (secourisme, mises en situation de groupe, effort physique…)
- Droits et devoirs dans la République (présentation du monde de la justice, sécurité routière…)
- Esprit de défense (risques et menaces, rencontre avec des unités militaires, opex)
- Préparer l’engagement (présentation de la phase 2 et thématiques d’engagement)

La participation à cette première phase serait sanctionnée par un titre, remis lors d’une cérémonie solennelle, qui pourrait être ultérieurement exigé pour passer le code ou accéder à certains examens.

Le temps d’engagement volontaire, ouvert de 18 à 25 ans, pourrait prendre 2 formes, l’une militaire (ou dans la sécurité publique), l’autre civile (inspirée du service civique actuel) sur des thématiques identifiées (aide à la personne, environnement, culture et mémoire, éducation). Des associations agrées seraient mises en réseau pour accueillir les appelés.

Durant l’ensemble des phases du SNU, le jeune appelé aurait qualité de « collaborateur occasionnel du service public », avec des conséquences précises en terme d’application du principe de laïcité (neutralité).

L’encadrement :
Le projet qui se dégage devra assurer l’accueil de 800 000 à 900 000 jeunes appelés, durant des périodes étalées sur une année scolaire, et notamment une quinzaine de jours en résidentiel.
A terme, la volonté est de voir l’encadrement des jeunes assuré par des personnes issues elles-mêmes du dispositif (une forme de « réservistes du service national ») ; d’ici-là, la question reste entière (militaires, pompiers, secouristes, réservistes… ?). Dans tous les cas, les armées assureraient la formation de ces cadres, au titre de son expérience et de ses méthodes reconnues de conduite de groupe, d’exercice de l’autorité, de gestion des conflits et des situations à risque. Cette formation conduirait à la délivrance d’un brevet de qualification reconnu par ailleurs.

Le déploiement envisagé
Un premier appel de jeunes pourrait avoir lieu dès 2019. Le GT SNU envisage toutefois un développement de 7 ans pour permettre la mise en œuvre totale du programme.

photo : The Mud Day, ASO

mardi 10 juillet 2018

Laïcité : se former, c'est mieux pour en parler !

Le 24 septembre débute la seconde session du MOOC "Les clés de la laïcité" que j'ai le plaisir d'animer parmi une belle équipe de spécialistes pour le CNFPT. Vous pouvez vous inscrire dès à présent pour suivre le cours et participer aux échanges (par ici). Si vous pensez que c'est inutile, testez-vous avec le questionnaire ci-dessous, et on en reparle !

jeudi 14 mai 2015

Laïcité : 2015, année zéro (2)

(ce billet fait suite à celui publié le 12 mai 2015 que vous pouvez retrouver ici)

Question 2 : On entend de plus en plus dire que la religion doit se cantonner dans la sphère privée. Est-ce que c'est ce que signifie la laïcité ?

Avant de répondre aux questions suivantes qui portent sur l'entreprise ou l'espace public, il est en effet indispensable de résoudre ce problème.

En France, jusqu’à nouvel ordre, la laïcité est une construction juridique à valeur constitutionnelle et non une idéologie particulière, à la manière d’une courant humaniste non confessionnel. Elle relève donc du droit public, et non de l’intimité des consciences.

Elle est définie par la loi du 9 décembre 1905, qui dispose que la République : 
  • assure la liberté de conscience (qui inclut le droit de ne pas croire), objectif premier ;
  • garantit le libre exercice des cultes l’expression publique de la religion, objectif second, car subordonné au respect de la liberté de conscience (qui la précède) et sous réserve des mesures d’ordre public ; 
  • « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (la « séparation des églises et de l’Etat » repose sur le principe de non-reconnaissance juridique).

lundi 28 avril 2014

Arythmie éducative (la suite)

Il y a quelques jours encore, en service commandé pour une auguste administration républicaine, j'affirmais comme le Gouvernement que les fondamentaux de la réforme des rythmes ne seraient pas remis en cause par Benoît Hamon, successeur de Vincent Peillon rue de Grenelle. J'ai un peu honte...

mardi 25 juin 2013

Le voile, c’est pas sport

Vous le savez, je suis un ardent défenseur de la liberté de conscience. Mais pas que : de la neutralité du service public, et de la condition féminine aussi. Ne vous méprenez pas. Je ne défends ni l’éternel féminin d’inspiration vichyste ni les études de genre, mais une égalité juste et urgente entre les hommes et les femmes. Mais ces combats se télescopent parfois...

lundi 6 mai 2013

Vive la colo (saison 2)


Près de 4 millions d'enfants sont accueillis dans les accueils collectifs de mineurs chaque année. A quelques semaines des départs en congés, TF1 nous livre la deuxième saison de sa série "Vive-la-colo", ou les aventures (très) décalées d'une directrice de séjours de vacances dans la maison de son enfance. Avant les surprises à venir, dont nous pouvons espérer qu'elles seront bonnes. En effet, la première saison était tellement affligeante et déshonorante, que les scénaristes n'auront pas eu de mal à faire mieux. Souvenez-vous...

mardi 9 avril 2013

Valeurs du service public : "Au loup ! Au (Baby-)loup !"


C’est peu de le dire, la décision de la Chambre sociale de la Cour de Cassation dite « Baby-Loup » a jeté le trouble dans une réflexion déjà complexe sur la place des valeurs républicaines dans notre quotidien. Interrogée sans cesse par de nouvelles expressions de la religiosité, notre société, dans laquelle les croyances "historiques" se sont sécularisées, répond avec une vision de la laïcité qui correspond à un moment de son histoire. A cela s’ajoutent les doutes sur les motivations réelles de cette nouvelle visibilité d’un sentiment intérieur, la foi, que semble rendre nécessaire la quête d’une certaine reconnaissance autant individuelle que communautaire.

En parallèle des enjeux sociétaux, la pratique administrative française est régulièrement bouleversée par les réglementations européennes sur les services d’intérêt général, qui poussent à la marchandisation des nombreux services publics. Comme un fan de rugby pourrait réponde à un supporter de football, la France situe sa position sur le plan des « valeurs du service public », érigeant en code moral les principes jadis dégagés par le Professeur Rolland : égalité, adaptabilité et continuité  Longtemps simple corollaire de l’égalité, la neutralité s’impose peu à peu comme un élément indépendant de cette quasi-devise, mais surtout comme une réponse à la fois facile et compliquée aux problèmes que soulève l’expression religieuse.

Solidement, le Conseil d’Etat a rappelé que la neutralité s’imposait à l’administration, comme un droit à l’indifférence au bénéfice des convictions de ses usagers. Ce faisant, le juge administratif confirme que la laïcité est un droit de croire ou de ne pas croire, ouvert au bénéfice de tous et avait pour conséquence le respect le plus absolu de la République envers les religions. Aucune exception, sauf si la religiosité de l’usager occasionne un trouble à l’ordre public ou au fonctionnement normal des services publics.

Mais le même Conseil d’Etat, concernant le cadre particulier des activités éducatives, a pris une toute autre décision. Ainsi, dans le cadre strict des établissements publics de l’Education nationale accueillant des mineurs, toute expression religieuse ostensible est bannie tant du côté des agents (classique) que du côté des usagers. On peut juger excessif que la République protège les enfants non-croyants de ceux qui croient, ou le saluer… mais on doit l’appliquer. Nombreux sont aussi les services éducatifs qui ont choisi d’appliquer volontairement le même principe à leurs activités extra scolaires ou complémentaires.

La Cour de Cassation a pu rappeler à son tour cette nécessaire neutralité pour les personnes travaillant sous contrat de droit privé dans un service public. Mais parce qu’elle concerne le personnel d’une crèche exploitée par une personne privée, elle a considéré que la décision de licencier une femme portant le voile islamique ne peut être justifiée par le principe de neutralité.

La crèche est pourtant sans conteste une activité d’intérêt général. Mais elle n’est pas, au sens de la jurisprudence constante du juge administratif, un « service public » qui se caractérise entre autres par la volonté non équivoque de la collectivité de prendre en charge une activité, un lien entre la collectivité publique et l’exploitant du service. Le fait de pallier l’insuffisance d’accueils publics de la petite enfance, le fait d’accueillir la petite enfance ne sont pas suffisants à permettre d’imposer des « sujétions de service public » à l’association ou l’entreprise, sujétions parmi lesquelles peuvent figurer le respect des « valeurs du service public ».

Au-delà de la petite enfance, la question se pose pour l’ensemble des structures d’accueil de l’enfance et de la jeunesse qui fonctionnent dans un cadre para-public. S’il existe des structures comme Baby-Loup qui revendiquent une certaine indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics, la grande majorité des accueils de mineurs dépend de manière contractuelle d’une collectivité territoriale. Et il y a débat. Souvent conclues sous la forme de délégations de service public, ces conventions sont contestées sur la base de leurs éléments financiers qui les font risquer la qualification de marchés publics. Une évolution qui semble inéluctable, aussi au regard du droit européen des aides publiques.

Finalement, le débat évolue alors sur les conditions que les pouvoirs publics pourraient mettre en place pour que les personnes privées candidates à la prise en charge d’une activité éducative. Le code des marchés publics encourage les collectivités à truffer leurs appels d’offres de clauses concernant le développement durable, la place donnée à des travailleurs en situation de handicap… Se pourrait-il qu’il y ait une place pour une clause « valeurs », laquelle impliquerait de la part du prestataire de l’administration l’application volontaire du principe de neutralité ? 

Dans tous les cas, une telle clause serait-elle opposable au droit du travail qui, comme le rappelle la Cour de Cassation, ne fait obstacle à la manifestation d’une appartenance religieuse au bureau ? A moins que le Gouvernement puisse convaincre au-delà de sa majorité, en appui sur une islamophobie galopante, de mettre en pièce la liberté religieuse…

Je n’ai pas encore de réponse documentée à cette question. Mais j’ai promis de la trouver. Ces quelques lignes qui la rende publique sont donc là pour prouver à mon contact que je ne l’ai pas oubliée… Qu’elle me pardonne. Encore...

lundi 25 mars 2013

Projet éducatif territorial : la circulaire est sortie


Le Ministère de l’Education nationale a rendu public le texte complémentaire de la réforme des rythmes scolaires, la circulaire concernant le « Projet éducatif territorial » (PEDT). Cosigné par Vincent Peillon et Valérie Fourneyron, le texte est adressé à l’ensemble des acteurs concernés de l’Education nationale, des services académiques à l’ensemble des directeurs d’école maternelle et élémentaire.

Comme prévu, on y découvre le PEDT comme une démarche permettant aux collectivités territoriales volontaires de proposer à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l'école, créant maximum de complémentarité entre les temps éducatifs. Le projet, qui sera le fruit d’une démarche partenariale avec ensemble les services de la ville, de l’Etat et les acteurs éducatifs locaux, doit favoriser l'élaboration d'une offre nouvelle d'activités périscolaires, voire extrascolaires, ou permettre la mise en cohérence de l'offre existante, dans l'intérêt de l'enfant.

La circulaire vient donc préciser les contours de l’élaboration du PEDT, et en premier lieu les objectifs, tandis que la dimension partenariale est fortement martelée, ainsi que le nécessaire appui sur les dispositifs existants, notamment à travers les contrats éducatifs locaux, enfance-jeunesse, contrats de ville, etc.

L'objectif principal du PEDT est donc de « permettre d'organiser des activités périscolaires prolongeant le service public d'éducation et en complémentarité avec lui ». Sans se limiter à l’école, « il peut être centré sur les activités périscolaires des écoles primaires ou aller jusqu'à s'ouvrir, selon le choix de la ou des collectivités intéressées, à l'ensemble des temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, de l'école maternelle au lycée ».

Le PEDT, sous la forme d’un engagement contractuel, se présentera comme l'engagement des différents partenaires à se coordonner pour organiser des activités éducatives et assurer l'articulation de leurs interventions sur l'ensemble des temps de vie des enfants, dans un souci de qualité et en présentant les garanties nécessaires de sécurité physique et morale des mineurs.

L’intérêt essentiel de la circulaire vient dans ce qui suit : une approche méthodologique accompagnée d’annexes qui sont autant d’outils à la disposition des collectivités qui auront choisi dès la rentrée 2013 de se lancer dans l’aventure.

Le texte précise enfin quelques éléments pratiques, sur les intervenants et leurs qualifications (avec renvoi aux articles R 227-12 et R 227-13 du Code de l’Action sociale et des familles). On y lit aussi une ouverture pour la participation d’enseignants volontaires à l’encadrement du temps périscolaire, avec mention d’une rémunération qui serait assurée par la collectivité.

lundi 25 février 2013

Rythmes scolaires : les vacances de M. Peillon (m-a-j)


12 millions d’élèves en France, plus d’1 million de personnels dépendant de l’Education nationale dont 850 000 enseignants, et près de 65 000 établissements scolaires. Et les familles. Face à eux un Ministre qui s’isole peu à peu, revendiquant une profonde réforme, une « refondation », de l’Ecole de la République, poursuivant les objectifs honnêtes et ambitieux de la réussite pour tous selon un rythme d’apprentissage plus respectueux des principaux intéressés : les enfants. C'est pas gagné.

Les enquêtes et les rapports se sont empilés. Rien n’à faire. Seules les alternances politiques ont eu un impact réel sur le calendrier scolaire. Pourtant, chacun sait ce qui ne va pas dans notre école française : des programmes mal fichus, approximatifs et répétitifs, des journées trop longues, des semaines trop courtes, des profs centrés sur des démarches disciplinaires et peu formés à l’appréhension de leur public…

De l’école de Ferry à celle de Peillon, il faudrait être bien cruche pour prétendre que le monde n’a pas changé : technologies, loisirs, culture… il ne s’agit plus d’occuper les enfants entre les saisons des champs, ou de retarder leur entrée à l’usine. Il reste une ambition intacte : éclairer les consciences, pour assurer l’avenir de notre modèle démocratique, de notre pacte social.

Balançant souvent entre instruction et éducation, l’école de la République a failli sur chacune de ces missions. Les élites se sont reconstituées, plus fortes et plus fermées. Le privé s’est embourgeoisé souvent au mépris même de ses propres fondamentaux.

L’école n’élève plus des citoyens, elle fabrique des crétins et aggrave sans cesse les clivages sociaux. Et regardez nos enfants : de redoutables magnétophones qui débitent des leçons ineptes, mais qui ne lisent pas, n’écrivent pas et perdent peu à peu les repères fondamentaux : valeurs, histoire, littérature... dans des cours donnés sans envie ni sens par des maîtres débordés et fragilisés.

Ce que nous propose Vincent Peillon, c’est de tout mettre par terre. Tout casser pour mieux reconstruire. J'en suis sûr, c’est la seule solution. On conteste aujourd’hui les heures hebdomadaires et la durée des vacances. Il y avait place pour la négociation. Tant pis. Mais combien serons-nous lorsqu’il s’agira du contenu des programmes ? Hélas sans doute beaucoup moins.

Gardons nos forces. N’engageons pas toute notre énergie dans une bataille déjà perdue contre les lobbies hôteliers. Gardons nos esprits clairs pour ferrailler avec les conseils et commissions qui déjà construisent le nouveau socle commun. Pour que ces nouveaux apprentissages fondamentaux permettent de faire de nos enfants et de nos jeunes de meilleurs citoyens, avec plus de mémoire et plus de sens, sans nostalgie ni démagogie.

Prenons des vacances, pour revenir au bon moment nous assurer que ce que nos enfants apprendront leur permettra de construire de meilleurs lendemains.

mercredi 13 février 2013

Rythmes : qui va s’occuper des enfants ?


La mobilisation n’y changera rien, la semaine d’école durera 4 jours et demi. Mais comme j’ai pu l’écrire ici, et aussi le dire ailleurs, il n’est pas question de contester le principe d’un étalement des heures d’apprentissage sur une plage plus large qu’aujourd’hui. Ce qui est critiquable dans cette réforme, outre la méthode, c’est qu’elle  ne prend en compte le rythme de l’enfant que dans l’objectif de le rendre disponible à l’enseignement.

En cela, et malgré le soutien qu’affichent certaines fédérations d’Education populaire, cette réorganisation de l’école inflige un camouflet à toutes les personnes qui agissent autour de l’enfant : la famille, peu consultée et dont l’organisation quotidienne est en péril, et les tiers-lieux éducatifs, de l’accueil de loisirs au club sportif.

vendredi 8 février 2013

Circulaire : l'école a le rythme dans la semaine


A quelques jours de la mobilisation des enseignants en faveur d’une nouvelle concertation sur la réforme des rythmes scolaires, le signal est fort. Le BOEN de ce matin contient la circulaire qui confirme la marche forcée vers la semaine de 5 jours. Le texte retient pour enjeux de la réforme la charge horaire par jour de classe (la plus élevée du monde) et la brièveté de l’année scolaire (144 jours contre une moyenne européenne de 187). Ainsi, pour que les écoliers français bénéficient d’une organisation de leur temps de travail plus propice à leur réussite, les dispositions sont les suivantes : une nouvelle organisation de la journée, et une nouvelle organisation de la semaine.

La circulaire précise en outre que le but de cette restructuration est d'organiser des activités pédagogiques complémentaires soit pour aider les élèves lorsqu'ils rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages, soit pour les accompagner dans leur travail personnel ou leur proposer toute autre activité prévue par le projet d'école, en lien avec le fameux « projet éducatif territorial ». Les autres problématiques (offre périscolaire, ressources culturelles et associatives, transports scolaires) sont repoussées à des dispositions ultérieures. Gageons qu’elles sont déjà prêtes… comme pourrait le laisser penser la parution du "Guide pratique de la réforme" avant cette circulaire.

samedi 2 février 2013

Arythmie scolaire stade 1


Malgré sa condescendance et son outrecuidance, le billet « Vive l’école le mercredi » signé par l’économiste Thomas Piketty dans Libération cette semaine a, croyant sans doute valider la réforme Peillon des rythmes scolaires, eu le mérite d’en poser les véritables enjeux pour le Gouvernement : égalité des chances, laïcité, égalité homme-femme. Voici donc une réforme scolaire qui se range dans la catégorie des changements sociétaux, plutôt que dans celles des lois d’organisation. C’est sans doute ce choix qui donne ce goût d’inachevé, et surtout cet écart entre la solution proposée et la nécessité réelle de faire évoluer le rythme de l’école.

lundi 21 mai 2012

Concurrence et services publics : du nouveau pour les SIEG


Depuis son adoption en décembre 2011, le « paquet Almunia », du nom du Commissaire européen à la concurrence, inquiétait le monde des associations, et spécialement celles chargées d’un service public de proximité, à caractère social. Car, malgré leur caractère « non lucratif », ces institutions sont considérées par l’Union européenne comme exploitant des services d’intérêt économique général, donc soumis aux règles générales du marché intérieur.

mercredi 2 mai 2012

Vive les colos !


Ça y est ! Au grand soulagement des petits et des grands, nous en avons fini. Je ne parle bien sûr ni des vacances ni de la campagne, qui dans les contrées où vit ma petite famille se terminent le même jour, mais bien de la série « Vive la colo », indignement conclue lundi soir 30 avril, comme elle avait commencé. Une inspectrice de la DDCS est menée en bateau sur le fonctionnement de l’équipe d’animation, autant dire sur la vie sexuelle de la directrice. Derrière cette farce grossière, dont on a pu remarquer qu’elle servait de film publicitaire à un organisateur de séjours de vacances, le centre de vacances, donc, théâtre des divagations de scénaristes, sans doute frustrés d’avoir passé des vacances tristes tandis qu’à côté des gamins s’éclataient avec leurs animateurs.

vendredi 27 avril 2012

Les animateurs au repos, enfin... bientôt


On en sait donc plus depuis ce matin sur l’évolution du contrat d’engagement éducatif rendue nécessaire par le contentieux ayant abouti à sa remise en cause, et avec lui au débat sur l’avenir des colos. On ne peut pas dire que ce soit clair, mais le Décret publié ce matin répond tout de même aux questions pratiques sur l’organisation du fameux temps de repos, précisant à nouveau, à toutes fins utiles, que le gîte et le couvert fourni par l’organisateur ne peuvent être considérés comme des avantages en nature.

mercredi 11 avril 2012

La fin des colos

Ils sont mignons ceux qui rejoignent, à grands frais d’ailleurs, l’association nouvellement créée pour défendre les séjours de vacances. Car dans la liste des gens qui se précipitent on trouve quelques uns de ces grands argentiers des séjours qui se sentent propriétaires des colos comme d’un concept marketing. Ne viennent-ils pas ici préserver leur part sur ce qui est devenu au mieux un mode de garde et au pire un marché : les vacances collectives ?

mercredi 12 octobre 2011

Engagement éducatif : au lit les monos !


C'est fait : désormais ils iront se reposer… Les voisins du centre de vacances pourront dormir tranquilles. En effet, alors que tous les directeurs de séjour désespèrent d’obtenir de ces grands enfants que sont les animateurs qu’ils prennent le repos nécessaire à assumer leurs responsabilités, notre bon juge administratif a mis au point une solution radicale : le décret est annulé ! Allez, hop, au lit les monos !


Après un temps de réflexion apparemment conséquent, le Conseil d’État a donc censuré le 10 octobre dernier le décret réglementant le temps de travail des animateurs d’accueils collectifs de mineurs, car il ne prévoit pas un temps de repos ou, comme l’exige la règle européenne, des garanties équivalentes. Alors les associations klaxonnent, le coût des séjours va devoir augmenter pour faire face au besoin de personnel supplémentaire... parce qu’il faut bien surveiller les enfants qui, eux, ne sont pas soumis au droit du travail.

mardi 30 août 2011

Qui veut la peau … du volontariat ?

Vous avez pu lire ici d’abondants commentaires sur la réforme attendue du contrat d’engagement éducatif, et son impact sur le modèle français des vacances éducatives, les ‘colos’. A l’origine, une directive européenne sur le temps de travail, rappelée à la France dans le cadre d’une procédure judiciaire. Mais ce texte ne se limite pas aux accueils de mineurs, et pourrait bientôt impacter les pompiers volontaires, menaçant la sécurité des citoyens, spécialement en zone rurale, dans des départements où le volontariat représente 80 % des effectifs de la protection civile.

jeudi 25 août 2011

Qui veut la peau des colos ? (3)


Annonces, réactions, suggestions (parfois fantaisistes) et cris d’effroi se sont succédés tout l’été à la faveur du temps des colos. Menacé par la « réglementation européenne du travail » sur le repos quotidien, le contrat d’engagement éducatif devrait disparaître, et entraîner avec lui les séjours et accueils organisés dont l’économie fragile repose sur les dérogations sociales de ce statut. Dans le concert de ces déclarations, les propositions concrètes de solution ne prennent guère de place, sinon l’hypothèse d’une réduction du taux d’encadrement la nuit. Tout est encore suspendu à une décision du Conseil d’Etat. Dès sa position connue, une commission s’emparera du dossier. Nous voilà rassurés…