jeudi 18 août 2011

Qui veut la peau des colos ? (1)

La saison se termine, et on entend ici et là que ce pourrait-être la dernière. Attention, je ne dis pas que demain les bambins ne pourront plus partir en vacances, mais les maladroites sorties estivales des politiques ne rassurent pas sur l’avenir des ‘colos de papa’, comprenez ces séjours bon marché qui sentaient les vacances au plein air et les copains.

Ce temps-là, déjà copieusement balafré par l’arrivée de structures qui confondent enfants et clients (sans gain réel ni pour la sécurité ni l’éducation) serait révolu, car l’engagement de ses animateurs est contraire au droit social européen…


Le principe de l’engagement éducatif

Malgré la structuration des métiers de l’animation dans les années quatre-vingts, les colonies de vacances conservaient le bénéfice de leur tradition. Le personnel pédagogique était ainsi indemnisé selon des barèmes forfaitaires, précisés dans l’annexe II de la Convention collective de l’animation. Ceci pour les distinguer fermement des professionnels travaillant à l’année, relevant eux de l’annexe I. C’est vrai, le traitement des occasionnels n’était guère favorable, mais le fonctionnement des séjours sur 3 semaines, avec des alternances de phases plus ou moins intenses, permettait à tous de trouver un juste équilibre entre travail, plaisir et partage.

L’abrogation de l’annexe II portant sur le personnel pédagogique occasionnel des centres de vacances par les textes relatifs au volontariat associatif et à l’engagement éducatif (loi n°006-586 du 23 mai 2006 et décret n°2006-950 du 28 juillet 2006) a entraîné la mise en place d’un nouveau système d’indemnisation : le fameux C.E.E.

Il est précisément destiné aux personnes qui, durant leurs congés ou leur temps de loisirs, souhaitent s’engager dans une action d’utilité publique auprès des enfants et des jeunes en encadrant occasionnellement les accueils collectifs de mineurs moyennant une rémunération forfaitaire. Mal encadré, malgré quelques interdictions de principe, ce système fait l’office d’une application large, et notamment dans le champ commercial et touristique.

Les colos, une anomalie

C’est vrai, le monde des centres de vacances, que la République nomme aujourd’hui ‘accueils collectifs de mineurs’, est une anomalie. Fondé depuis pratiquement 150 ans sur l’engagement volontaire de jeunes au service d’enfants et d’adolescents, il se heurte désormais à deux logiques qui l’insécurisent : la professionnalisation, et le consumérisme.
 
Ces tendances (dont l’une n’est pas en soi critiquable si elle est vecteur d'emploi et de sécurité), ont provoqué des prises de conscience sur le fonctionnement des séjours, et une réaction inattendue de la justice européenne qui a, juste avant l’été, condamné le principe de l’engagement éducatif, au nom du droit du travail. S'il faut y voir un moyen de moraliser les pratiques de vendeurs de vacances (cf. le drame de l'été 2009 rappelé en début d'été), cette décision fait planer des doutes sérieux sur l'équilibre financier des (vrais) séjours éducatifs.

(à suivre)

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Cordialement,
Marc Guidoni