jeudi 24 mars 2011

Politique française : pour un nouveau paysage

Maître Capello (RIP) nous aurait sans doute rappelé que le paysage est la « partie d’un pays que la nature présente à un observateur ». Quel drôle de tableau que celui que la France donne à voir à travers ce que les gazetiers aiment appeler le PAF, comprenez le « paysage politique français » ! Vous aurez comme moi remarqué le décalage qui règne entre les opinions contrastées de nos concitoyens et le verrouillage de la classe politique par des partis que la Constitution même pensait avoir privés de leur influence néfaste sur la république… Une discussion à poursuivre, sans doute, sur la réalité de la vie démocratique dans une ‘démocratie d’opinion’ et qui peut expliquer l’abstention. Pour l’heure, à quelques jours du second tour des cantonales, je vous relaie l’appel de Thomas Legrand paru sur Slate, un chroniqueur qui, à l’instar du Petit Prince demandant un mouton, lance un émouvant "s’il te plaît, dessine-moi un nouveau paysage politique". Extraits.

« Pour permettre l’alternance, François Mitterrand, à la tête de la gauche démocratique depuis le congrès d’Epinay en 1971, a œuvré pour le rassemblement des gauches jusqu’à l’accession au pouvoir, avec les communistes en 1981. A partir du moment où la stratégie d’alliance avec les communistes est devenue évidente, au cours des années 1970, toute une partie de la gauche démocratique d’alors a rejoint le centre, qui, toujours en vertu de la dynamique des blocs, se trouvait alliée avec la droite. […] Il reste des vestiges de cette gauche passée à droite. […] Le Parti radical, ancestral, pilier de la République, s’était déchiré entre radicaux de gauche et radicaux valoisiens, justement à la faveur de cette logique de blocs.

Quelle recomposition ?

« Quelle forme peut-elle prendre? Reprenons le fil de l’Histoire: à gauche donc, le PS et le PCF, de l’autre côté, la droite et le centre. Ça, c’est la représentation politique telle qu’elle est encore à l’Assemblée. Représentation obsolète, issue des années 1970, 1980. Aujourd’hui le PCF n’existe quasiment plus, il est ingéré par le Front de gauche.

A la droite de la droite, une force politique s’installe sans être représentée au Parlement. Si la perspective pour la gauche démocratique, c’est d’être au pouvoir avec le très modéré François Hollande ou Martine Aubry qui gouverne Lille avec le MoDem ou l’ancien secrétaire général du FMI, on ne voit pas pourquoi, à terme, les radicaux, les centristes, continueraient de s’allier à une droite conservatrice qui manie les thèmes identitaires et sécuritaires à outrance.

Comme le disait fort justement mardi au micro de France Inter Jean-Paul Delevoye (lui-même gaulliste social), à propos des alliances, «on s’associe pour avoir un pouvoir, pas du tout parce qu’on pense la même chose». Dans une situation où les élus seraient libres de leurs alliances et déliés de leurs accords électoraux, le paysage de la représentation politique serait tout autre. »



Texte intégral : Dessine-moi un paysage politique, Thomas Legrand, Slate.fr

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Cordialement,
Marc Guidoni