dimanche 9 juin 2013

Le véritable extrémisme, c'est nier la personne

Chers amis, les événements qui font la Une de l'actualité ces derniers temps me paraissent funestes. La crise économique fait son oeuvre et exacerbe les tensions exaltées par des discours politiques peu responsables, tenus face aux mesures inefficaces de gouvernants dépassés.

Pendant ce temps, les mêmes préparent leur l'avenir en provoquant des débats qu'ils refusent ensuite. Pendant ce temps, les journalistes qui ont fait les mêmes écoles que les politiques dénoncent leurs camarades de classe qui ont pris des responsabilités dans l'économie, qu'ils soient à la tête d'entreprises ou d'établissements financiers. Ces jeux de cours de récréation occupent l'opinion, qui délaisse peu à peu l'information pour des programmes de divertissement peu excitants mais moins convenu. Grâce à la téléréalité, c'est le programmateur qui nous dit ce qui est réel, plus le journaliste et encore moins le témoin.


Des mots nouveaux sont apparus, gages donnés aux observateurs qui craignent que l'Histoire nous repasse ses plats. "comportements clivants" a supplanté "communautarisme", qui lui-même avait remplacé "racisme" ou "ostracisme". On assiste à de curieuses manifestations comme ces femmes qui font semblant de prier poitrines découvertes aux yeux des cameras pour dire leur haine des dieux et de ceux qui les honorent, tandis qu'à l'opposé des familles récitent un chapelet pour que le toit d'un théâtre tombe sur les acteurs d'une pièce. Un clip dénonçant l'homophobie déborde d'une violence justifiée par la juste cause combattue. Enfin, un règlement de compte entre phalanges des ordres noir et rouge a conduit au décès dramatique d'un étudiant.

Nous ne pouvons le nier, le ventre des avanies les plus terribles de l'Humanité est encore fécond. Nous sommes-nous rendu compte de ce qui se déroulait sous nos yeux ? Sommes-nous complices, victimes, témoins silencieux ? Fallait-il donner du crédit à la gauche qui sombre dans la facilité tout en trahissant la majorité de ses valeurs ? Fallait-il décomplexer la droite en la rendant plus libérale et plus intolérante ?

Que vont devenir les exclus de ce prêt-à-penser manichéen dans une société où l'on ne peut plus déterminer ce qui est mal et ce qui est bien ? Pour qui vont-ils voter ? Ceux qui plaident le totalitarisme de l'égalité plurielle sont-ils sincères ou tentent-il d'imposer aussi une transformation de la société qui ne bénéficie qu'à certains ? Où et quand pourrons-nous bientôt trouver un principe qui permettra de restaurer l'intérêt général, ce bien commun qui est le ferment de notre République ? Une république qui est un projet de vie, pas seulement un régime politique bientôt 25 fois réformé.

Notre mémoire collective s'efface, nous oublions ce que l'Humanité a traversé pour permettre la liberté dont nous abusons aujourd'hui. A ceux qui "clivent", "communautarisent", "opposent", "accusent", "interdisent"... je voudrais dire finalement deux ou trois choses.

D'abord, allez visiter le Mémorial du Camp des Milles, ça vous fera du bien. On y apprend que  ceux qui se victimisent sont souvent les bourreaux. On y apprend aussi qu'on ne doit pas obéir sans réfléchir, et que chacun conserve toujours sa part propre de responsabilité.
Ensuite, et spécialement à mes amis qui sont des femmes et des hommes de foi, quelle qu'elle soit, qui usent à tort et à travers dans les débats d'aujourd'hui d'un certain vocabulaire, je vous livre ce passage d'une lettre adressée par Monseigneur Salliège aux fidèles toulousains en 1942. Car ce prélat, après avoir eu confiance en Pétain, s'est rendu compte de quoi chacun d'entre nous pouvait être complice. Vous pouvez allègrement remplacer dans ce texte le mot "juif" par tous les parias de l'Histoire, et surtout ceux de l'actualité. Mais n'oubliez pas, on est toujours l'étranger de quelqu'un...

« Mes très chers frères,
Il y a une morale chrétienne ; il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer ; il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer. Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle. [...]  Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes ; les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille ; ils font partie du genre humain ; ils sont nos frères comme tant d’autres ; un chrétien ne peut l’oublier. »

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Cordialement,
Marc Guidoni