dimanche 5 mai 2013

May the 4th be with you

Drôle de journée ce samedi 4 mai 2013.

Dans l’ordre, j’ai accueilli un groupe de stagiaires prêts à entamer leur avant-dernière journée de formation de directeurs d’accueils de mineurs. Au menu, une réflexion sur la santé, la prévention des conduites à risque, notamment en matière de substances addictives autres que le café et de pratiques sexuelles. Une fois lancés, et confiés aux bons soins d’une collègue, je me suis plongé dans mes notes sur le management, histoire de préparer mon intervention de l’après-midi. Et tout s’est enchaîné...

D’abord, surpris par les réactions autour de moi j’ai visionné de nouveau le clip d’Indochine, celui qui buzze en ce moment sur la toile. Une vidéo très léchée, à la réalisation parfaite, qui pour montrer le harcèlement ordinaire dont sont victimes les homosexuels à l’école met en scène la crucifixion d’un adolescent. Le tout sous les regards de toute la communauté éducative, qui la contemple les yeux bandés tandis que semble fuir un groupe de religieuses, et que les armes à feu crépitent pour ajouter encore de la violence à la violence. Qu'est-ce qui m'a pris ?????


Je n’aime pas la censure. Je la déteste. Mais ce clip a un je-ne-sais-quoi de détonnant qui m’a conduit à publiquement le contester. Et là, j'ai eu droit à toutes sortes de leçons. Des encouragements aussi. A vous lire sur twitter, facebook et autres (quoique je regrette que vous n’ayez rien posté ici) j’ai finalement compris ce qui se passait.

En fait, et cela doit être redit, le clip et la chanson d’Indochine véhiculent une cause juste. Je suis sûr de la nécessité de dénoncer l’aveuglement institutionnel et médiatique sur le harcèlement, tous les harcèlements, dont souffrent les enfants et les adolescents dans le système scolaire de notre pays. Mais si cette cause est juste, elle ne mérite pas un tel traitement : cette violence aussi convenue que les Unes de Charlie Hebdo et les confusions qu’elles ne manquent pas de provoquer.

Ainsi ce clip va-t-il assurément accentuer le clivage que la discussion de la loi Taubira a créé dans notre pays. Nous ne devons pas accepter que l’on oppose la violence à l’horreur, à peine de la banaliser. Comment en arrive-t-on à penser que la vraie violence n'est pas dans ce clip, mais dans les cortèges de certaines manifs ? Il ne doit pas y avoir de hiérarchie dans la violence en 2013, pas plus que l'on peut opposer vraie ou fausse violence. Quelle que soit la position que l'on a sur le sujet.

Non nous devons refuser les amalgames, quels qu'ils soient. A peine de sombrer dans un certain totalitarisme qui conduit à nier qu’un clip produit par un groupe de rock soit avant tout une vidéo promotionnelle. Pourtant, quelle que soit la vocation d’un artiste, elle est aussi de porter des messages. Je crois à la chanson engagée bien plus qu’à la chanson d’amour. Mais le clip n'est pas la chanson. Et après tout, vu avez lu la citation qui est inscrite en haut de ce blog ?!

Quelques heures plus tard, le Nouvel Observateur publie une enquête « Plongée dans la galaxie catho réac décomplexée ». On m’y fait remarquer la mention d’une bande de joyeux drilles qu’il m’arrive de fréquenter, à l’occasion de soirées houblonnées qui trompent ma solitude parisienne. Et j’apprends donc que je suis un suppôt d’une société secrète papolâtre et autre crime lèse-république. Le jour où je publie une critique d’un clip qui me dérange par sa violence et ses amalgames christianophobes… Je me suis senti très mal. J’aime ces gens, ils sont drôles et ils boivent de la bonne bière. Vous pouvez faire quelque chose pour ma fiche à la DCRI ?

Alors bon, si vous me faites l’amitié de lire ces lignes, autant que celles qui les précèdent depuis bientôt 3 ans, vous saurez faire le tri. Mais il n’en reste pas moins que le tour que ça prend me pose question. J’ai fait 12 ans de fac, et j’ai lu presque tous les livres. J’ai abandonné mes projets de carrière pour faire vivre une passion pour l’éducation. J’ai mené des combats politiques, locaux ou nationaux et aujourd’hui je ne suis plus partisan d’un homme ou d’une idée. Voter est un supplice : je me sens comme un ex-otage victime du syndrome de Stockholm. Il me reste quelques convictions profondes, mais je n’ai plus qu’une seule ligne de conduite : je voudrais pouvoir agir de manière compatible avec la permanence de toute vie pleinement humaine sur la terre.


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Cordialement,
Marc Guidoni