vendredi 23 décembre 2011

Paris fête Noël... sans connotation religieuse trop prononcée (m.a.j.)

J'ai aperçu hier sur Twitter un gazouillis ravi d'une de ces membres de la cathosphère du web : la laïcité permet de faire une crèche à Paris, merci Delanoë. Après quelques recherches, il s'avère en effet que 'Notre-Dame de Paris' (comme l'appelle Laurent Gerra) a bien autorisé la présence d'une crèche au marché de Noël des Champs-Elysées.

Mais l'ambiance actuelle devant les portes des théâtres de la ville a semble-t-il causé souci au premier des Parisiens puisque, si la présence d'une crèche sur le domaine public est acquise, ce serait à condition qu'elle soit sans connotation religieuse trop prononcée (sic). Peut-être s'agit-il de remplacer Joseph par le Père Noël. Et si on rappelait que la crèche provençale est un acte de résistance à la Révolution ?


La crèche, un mouvement de résistance

Les représentations de la Nativité du Christ existent depuis les origines du christianisme européen. Personne ne fait le lien, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que les figurines présentes dans les maisons pouvaient prendre la suite de la tradition païenne des dieux du foyer (lars familiaris et pénates). Popularisée par François d'Assise, à travers des représentations humaines, lancera la coutume des crèches vivantes en Italie puis en Provence. L'art se saisit ensuite de l'humble mangeoire dans laquelle l’Évangile place l'enfant-Dieu.

En France, la Révolution et ses quelques épisodes anticléricaux vont avoir un impact sur le développement de la tradition. C'est ainsi que dans le secret de leur logis, les Provençaux vont maintenir et enrichir cette tradition pour la fête de Noël, alors que les églises sont fermées et la messe de minuit interdite. Les "petits saints" (santons) inspirés des métiers et du quotidien deviennent le symbole d'une résistance à la République. Ce n'est qu'avec le Concordat, en 1803, que les crèches pourront devenir publiques, avec l'ouverture de la première foire aux santons à Marseille, sur la Canebière.

Vers un Noël républicain ?

Ce débat est l'occasion de rappeler une décision du Tribunal administratif d'Amiens, rendue il y a à peine un an. Une décision commentée dans mes billets sur les relations contrastées entre collectivités territoriales et religions. Son objet ? Déclarer impossible l'édification d'un édifice religieux sur le domaine public (il est vrai par les services municipaux).

S'agissait-il d'édifier une église ? Non, une simple crèche de Noël ! On lira ici l'intéressant inventaire à la Prévert des situations de crise déclenchées par le rappel (insolent) des catholiques qui cherchent (les bougres)  à s'approprier Noël : La crèche embarrasse la laïcité (LaCroix). Ca sent le sapin... (euh, je crois que c'est chrétien aussi, le sapin... #pasdepolémique)

Cela dit... quelque soit la raison pour laquelle vous vous réunissez demain et dimanche, je vous souhaite à tous un très beau Noël.

Photo : ma crèche familiale ;)

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Cordialement,
Marc Guidoni