mercredi 30 mai 2018

La laïcité fait-elle de l'Etat l'ennemi des religions ?

J’ai eu le plaisir, il y a quelques jours de faire un tour en Moselle, pays de Concordat, et à l’invitation d’une association de jeunesse catholique (lire ici). Vous savez mes repères, aussi me suis-je éloigné de la neutralité liée habituellement à mon cadre d’intervention, pour interroger mes propres discours à travers des arrière-pensées que j’ai prêté aux fidèles. Voici le conducteur de cette intervention, dont je me suis maintes fois éloigné…

La laïcité fait-elle de l’Etat l’ennemi des religions ?

Quelle drôle de question ! Ou plutôt ; comment ai-je pu me laisser convaincre de venir à Metz répondre à cette question, dans une plage horaire assez large pour être apostrophé, interpellé, voire contredit, sinon détesté. Et je me suis rappelé que, bien que juriste et aimant apporter des réponses aux questions que l’on me pose, le contexte de notre rencontre pouvait me permettre de répondre à la question-titre par une autre question. Sinon plusieurs.


Par conséquent, je me suis livré à un autre exercice, entre philosophie et sociologie, en me demandant pourquoi lorsque je bafouillais une liste de titres des plus classiques aux plus incongrus, c’est celui-ci qui retint l’attention des organisateurs. Je vais donc questionner la question : pourquoi peut-on se demander, dans la France aujourd’hui, si l’Etat est l’ennemi des religions ? Qui plus est dans un territoire concordataire, et dans un contexte catholique. Notez que, si vous êtes si nombreux ce soir, c’est que cette question est valablement posée.

Alors, qui sait, au risque d’énoncer quelques banalités ou de provoquer vos questions, en avant… honorons la gentille invitation de Frat’57, et tentons de répondre à la question-titre, avec ferveur et application.


1) Commençons par égratigner quelques idées reçues

Être laïque c’est être athée

Il y a peu j’échangeais avec des amis scouts. Drôles de fréquentations me direz-vous. Cela étant, lorsque je leur annonçais qu’ils étaient un mouvement éducatif chrétien et laïque, ils me rétorquèrent que le mouvement de scoutisme laïque était une autre association. Et je dus leur rappeler qu’à mes yeux, l’association en question professant certes ce « scoutisme laïque » était au regard de la loi plutôt un organisme « non confessionnel » ou « athée ». Cette idée reçue qui veut que la laïcité soit la valeur de référence des athées est répandue, et bien que compréhensible sur le plan historique, considérons qu’elle a tout de même la vie dure…

Dans son entreprise de briser les liens entretenus entre Eglise catholique et monarchie, la Révolution va faire taire l’expression religieuse catholique lors même qu’elle proclamait la liberté d’opinion, même religieuse. Le courant humaniste athée, souvent lié à la maçonnerie spéculative, va s’affirmer, et surtout s’exprimer de manière visible et libre, voire confisquer le propos en interdisant aux croyants de s’exprimer car accusés d’empêcher la République d’avancer (le combat science / croyance, lumières / obscurantisme…) : « la foi, semelle inusable pour qui n’avance pas » dira ainsi Henri Michaux.

Pour autant, tous croyants de quelque culte que ce soit comme athées, sont aujourd’hui citoyens. Et de ce fait, être laïque signifie faire partie de ce peuple auquel appartient le pouvoir, ce peuple objet politique qui vote la loi des hommes et l’applique. Il est ainsi possible dans notre pays d’être un croyant laïque, et même un clerc laïque (pensez à l’abbé Pierre, prêtre et pourtant député), pour autant que l’on respecte la loi. Ne pas agir de manière laïque ne signifie pas ne pas faire référence au religieux dans la vie publique ou dans sa vie personnelle, mais faire prévaloir une prescription religieuse sur la loi française.

La laïcité est une valeur

Conséquence de la première idée reçue, la laïcité est souvent affirmée comme une valeur, sinon la valeur de référence de la République. Elle revêt ainsi une forme quasi surnaturelle, et je dis ça dans une ville dont l’église Notre-Dame a quelque temps servi de temple à la déesse Raison.

Le facteur de X de cette idée reçue est pour moi l’école de la République, ce sanctuaire voulu par ses concepteurs, Ferry et Buisson, pour fabriquer des citoyens, ces « fidèles » de la raison se pliant, par conviction profonde en la vérité rousseauiste, aux décisions majoritaires qui désignent, en une prophétie immanente, le Vrai auquel on doit croire.

à Metz, l'école Notre-Dame
est une école publique
Ainsi décrite, la laïcité serait hélas cette religion d’Etat, culte rendu à la Nation (plus qu’à la raison) très facile à contextualiser dans les années qui suivirent la Révolution ou encore après la défaite de 1870 (période de naissance de l’école laïque, celle où des non-clercs enseignent les vérités scientifiques). Les refrains de ses cantiques sont connus et l’un d’entre eux résonne ici tout particulièrement : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Les instituteurs, invités par Ferry à respecter les croyances de leurs petits élèves, vont former autant de soldats pour 1914 que de citoyens convaincus. Dans le monde actuel, nous devons bien admettre qu’un tel culte tombe à plat. Les événements tragiques que nous connaissons, autant que les incivilités du quotidien rapportent la preuve qu’il ne fonctionne plus… Il n’en reste que les oripeaux un peu tristes des journées de mémoire des conflits du passé, autant sécularisés que Noël, Pâques ou la Pentecôte. Savez-vous ce que la République commémore le dernier dimanche d’avril ?

Ajoutons que penser que la laïcité est une valeur, c’est fatalement cultiver une forme de politiquement correct, cette forme de discours aseptisé avec le quel toute le monde doit publiquement être d’accord, et dans lequel se cache les développements d’une pensée dite « moderne », fondée sur une religion sans dieu ni rite, religion de soi où seul l’enfer est nommé : les autres. Car le sceptique qui fait de la Laïcité une valeur ne croit en rien sinon en lui-même.

Cela étant dit, libre à chacun de choisir la laïcité pour valeur, sans toutefois laisser une conception laïciste de la vie sociale s’imposer. Ainsi la laïcité ne peut pour moi constituer une identité commune, transcendante, car par définition elle est un principe en creux, une ouverture, qui appelle d’ailleurs autre chose que les imprécations qui consistent à se plaindre des sceptiques... pour peu que l’on puisse exprimer ses convictions religieuses en public.

La laïcité interdit d’exprimer sa religion en public

Que voici une idée répandue. « La religion relève de la sphère privée » nous dit convaincu le chœur de ses adeptes. De ce fait, les signes religieux doivent être bannis, et le croyant est prié de se taire, silence salutaire pour lui-même puisque s’il parlait il se couvrirait de ridicule, sa conception de la société étant désuète au mieux, scandaleusement rétrograde le plus souvent. Oui, la religion a mauvaise presse parmi la population. Sous nos cieux, croire en Dieu n’est pas à la mode, et les croyants sont plutôt dévalorisés. Un sondage récent (juillet 2017) réalisé dans le monde entier par l’Institut Ipsos, sur la perception du fait religieux le confirme.

La moitié de la population mondiale (61 % des Français) pense que la religion cause plus de tort que de bien. En France, seuls 19 % des personnes interrogées considèrent qu’un croyant est un « meilleur » citoyen. Ainsi la religion est-elle le symbole d’un ordre moral dont les contraintes pèsent sur les libertés modernes, elle est aussi coupable d’une histoire voire d’un présent fait de violences. La République ne devrait-elle pas plutôt s’honorer de compter parmi ses citoyens des personnes sensibles à la question du bien commun, charitables à l’exemple du Christ ?

Revenons à l’idée reçue. Quelle confusion de cantonner la religion dans le privé ! En effet, le principe même de la liberté religieuse est de pouvoir exprimer une conviction publiquement, et de pratiquer un culte, c’est-à-dire, pour les croyants, de se réunir en groupe pour accomplir des rites qui les mettent en relation avec une puissance surnaturelle (nous dit le juge administratif).

Il faut le dire, bien que la loi de 1905 garantisse expressément cette liberté de culte public, la République a dû se convertir à la vision positive du fait religieux qui est celle de nos pays voisins. La visibilité du fait religieux (autre que chrétien en France) n’est pas affaire de mode ; elle est sans doute une conséquence de l’internationalisation de la protection juridique des droits de l’homme.

En effet, si la France et les Français n’ont pas de goût prononcé pour les affaires religieuses, au plan international la liberté de croire et de pratiquer son culte revêt une importance sensible, souvent reliée à la dignité même de la personne. Si l’Etat conserve la possibilité de protéger l’ordre public d’abus résultant de l’observance d’un culte (par exemple un prosélytisme agressif, ou bien par évidence des pratiques illégales), la philosophie générale de notre droit a fortement évolué en direction d’une tolérance de l’expression religieuse en public. Très paradoxalement à rebours de l’évolution de la société, cette évolution vient confirmer la vocation pacificatrice de la loi de 1905.

Néanmoins, nous disposons en France d’une organisation de l’espace public particulière, tirée de la loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage. Permettez-moi de vous préciser ce cadre et ainsi de vous inviter à bien distinguer 4 espaces dans lesquels la liberté de manifester sa religion connaît des contraintes différentes : l’espace privé (domicile, liberté), l’espace social (celui où on travaille, liberté sauf motifs légitimes p.ex. sécurité), l’espace administratif (neutralité pour les agents publics, interdiction du prosélytisme pour les usagers) et l’espace partagé (liberté sauf trouble à l’ordre public). La liberté de manifester sa religion est première, et sa limitation dans l’espace administratif permet de préserver l’égalité de tous.

On entend parfois que l’école serait un espace singulier. L’école publique est un espace administratif, dans lequel interagissent agents et usagers du service public. Les agents sont « neutres » (aucun signe ou discours manifestant une appartenance politique, syndicale ou religieuse), les usagers sont… les élèves auxquels la loi de 2004 fixe une obligation particulière (interdiction du port ostensible de signes manifestant une appartenance religieuse) et les familles (à ce jour usagers « standards » qui doivent s’abstenir de tout prosélytisme). Il n’est nullement question de lieu, mais de cadre scolaire, puisque la loi s’applique non pas dans l’école espace limité, comme par une clôture, mais dans l’école lieu de transmission du savoir, donc aux activités organisées disons en quelque sorte dans le cadre du « programme » (sortie scolaire, visite culturelle, classe de découverte…). Souvent présentée comme protégeant les enfants contre l’endoctrinement, la loi de 2004 protège en fait le savoir scientifique de l’influence des croyances, renouant avec les lois de laïcisation de l’école des années 1880.

La laïcité est un moyen de promouvoir l’égalité femme / homme

Voici sans doute l’idée reçue la plus médiatisée ces jours-ci. S’il est vrai que la laïcité est un facteur de promotion de l’égalité de tous devant la loi, quelle que soit les convictions, je ne suis pas sûr que convoquer le principe pour régler un problème de mixité soit pertinent.

C’est bien évidemment au sujet du voile islamique que cette idée reçue est relayée. La société française est interpellée régulièrement par la question du port du voile par les femmes musulmanes, fait symbole de la logique de soumission qui est celle de toute religion (face au projet républicain qui libère). Pourquoi le voile est-il porté ? Pourquoi faut-il l’interdire ? C’est un signe de domination de l’homme. Difficile d’admettre qu’il s’agit d’une pratique religieuse, d’une forme de servitude volontaire contre-nature, autant que peuvent finalement le représenter aujourd’hui la chasteté, la fidélité des époux au temps des sites de rencontres pour couples mariés. Dans la République la femme est libre de disposer de son corps, mais a priori pas de son âme ! 

Bon, retenez, voulez-vous, que les pères fondateurs n’avaient pas comme objectif la libération de la femme, y compris en raison de la pratique religieuse catholique des femmes, accusées ainsi de voter comme le curé. Le vote des femmes devenant ainsi antirépublicain, d’autant plus que le Vatican contestait la rupture du Concordat.

Sur cette question sérieuse toutefois, un rapport sénatorial remis par Madame Chantal Jouanno sur le fait religieux et la condition féminine (automne 2016) vous sera utile si cela vous passionne.

La laïcité n’existe pas en Alsace Moselle

Spécialement pour vous… La loi s’applique de manière une et indivisible sur l’ensemble du territoire de la République. Mais il existe plusieurs régimes légaux pour les cultes. Le vôtre, mais aussi par exemple celui des décrets-lois Mandel pour l’Outre-Mer, ou encore l’ordonnance de Charles X pour la Guyane. Le droit local est une dérogation relevant d’une dimension historique dont la constitutionnalité (et donc la laïcité) a été confirmée par le Conseil constitutionnel en 2013. Par ailleurs, les cultes non concordataires relèvent du régime général, si je puis dire.

Ce n’est pas sans poser de questions… le paradoxe est que de ce côté-ci, l’on réclame la fin du Concordat tandis qu’une partie de la population de l’autre côté se laisserait convaincre d’un nouveau pacte concordataire, aux fins essentielles de contraindre l’Islam.

2) La laïcité et les catholiques un malaise plus profond ?

Gageons que les catholiques survivent dans ce climat que je viens d’évoquer, voire y trouve leur compte, dans la mesure où leur expression religieuse n’est pas réellement remise en question (à part quelques villages où les cloches chantent plus fort que les coqs). C’est plutôt leur expression tout court disais-je à l’instant qui est contestée. Au nom de plusieurs événements historiques dont ils ne peuvent guère se défendre (des croisades à l’Inquisition en passant par la Saint Barthélémy et l’affaire Dreyfus), les cathos de service aujourd’hui sont priés de se taire, afin de ne pas obérer le progrès social. Car ces cathos-là sont restés coincés en 1788 et professent une foi datée, aux principes contraires aux libertés des uns et surtout au mariage pour tous.

Sans être théologien, il me semble que, fondamentalement, les catholiques sont heurtés par le principe de l’Etat laïque pour deux raisons :
- le conflit entre la volonté de Dieu et la volonté générale, entre la loi naturelle et les lois de la République,
- le conflit entre la recherche du Bien Commun et la satisfaction de l’intérêt général.

Et ensuite il y a l’histoire. Et voici les catholiques tentés de formuler des reproches du même ordre que ceux relatifs aux croisades ou à l’Inquisition en parlant des persécutions révolutionnaires.

La Révolution française s’est livrée à une bataille en règle contre l’Eglise, parfois sous l’angle institutionnel (avec les persécutions liées à la constitution civile du clergé et la confiscation des biens ecclésiastiques), mais surtout à travers la remise en cause systématique des règles sociales dont le soubassement était une vision chrétienne du monde et de la vie sociale. Il fallait coûte que coûte briser les liens entre le pouvoir royal et l’Eglise, liens qui remontaient à un Clovis jaloux du pouvoir du Primat des Gaules sur la Province romaine. Ainsi l’une des toutes premières lois votées en septembre 1792 autorisera le divorce. Les évolutions « sociétales » comme le mariage pour tous, ou l’avortement et l’euthanasie sont autant d’exemples qui montrent que la laïcisation de l’Etat, plus qu’en rendant à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, revient à ce que la société ne reconnaisse plus l’existence d’une loi constante et universelle dont Dieu est le juge suprême. C’est ce qui heurte les catholiques, qui s’étaient accommodés d’un Etat laïque certes, mais à la morale bien conventionnelle.

Depuis 1789, la République lutte aussi contre les congrégations, rivales dans la réponse aux besoins de la population (santé, secours aux plus démunis et bien évidemment enseignement). Celles-ci seront d’abord interdites, puis rétablies, puis expulsées et dans le cadre de la loi 1901, encadrées de fortes contraintes. Au point que certains auteurs réclament aujourd’hui la fin du système de « reconnaissance légale » par le Conseil d’Etat au nom de la liberté religieuse protégée par la Convention européenne des droits de l’homme.

J’ai cité le mariage pour tous… Le débat autour de l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe a laissé des questionnements profonds dans les générations dites « JMJ », à propos de l’équilibre entre leur adhésion à la foi catholique et aux lois de la République. Les combats sur l’école et la liberté scolaire ne les avaient pas touchés, d’autant plus qu’ils étaient victorieux. Les états généraux de la bioéthique seront bientôt un nouvel exemple sans doute de la perte d’influence du christianisme dans la société française. Malgré la baisse de la pratique religieuse, la force des chrétiens se mesurait souvent à la conformité des lois humaines à la vision chrétienne de la société. Il est facile de constater aujourd’hui que, si certaines valeurs chrétiennes se sont elles-mêmes sécularisées (bienveillance, charité, fraternité par exemple, ) d’autres sont contestées ou ignorées (fidélité !)

J’entends ainsi souvent chez les cathos une forme de refus de la laïcité comme symbole d’un Etat à la dérive sur le plan anthropologique et principe d’une société immorale. Plus rarement, dans une atmosphère très antireligieuse envers les signes visibles de présence de l’Islam, ils se sentent victimes d’une forme de « christianophobie ». Celle-ci est notamment invoquée lors de la présentation de décisions de justice, mal exploitées par les journalistes, qui semblent attaquer des repères importants comme Noël, Pâques ou même le pape Jean Paul II. Et l’on imagine bientôt les racines chrétiennes de la France effacées tandis que la fausse nouvelle de la destruction de la ville de Lourdes dans le cadre d’un plan gouvernemental visant à renforcer l’interdiction des signes religieux dans l’espace public (parue en 2015 dans le Gorafi) est régulièrement postée sur les réseaux sociaux accompagnée d’invectives.

Conscients de ce sentiment, les partis politiques développent à droite une forme de laïcité identitaire, dite catho-laïcité, qui mélange la nostalgie des fêtes religieuses et symboles chrétiens aux pires discours sur l’immigration, l’insécurité, l’islamisme radical. En face, après Charlie, les hérauts du laïcisme qui exclut toute manifestation du fait religieux en public, justifient leur posture par les outrances de l’autre camp (les –phobes). Pour eux, croire signifierait s’abstraire de l’idéal républicain de liberté. Le nouveau crime de lèse-majesté en somme.

3) Que dit vraiment la loi ?

Place de la Laïcité,
au centre-ville de Metz
Au milieu d’eux, quelques-uns essaient de rappeler l’essentiel, La laïcité est en réalité un principe minimaliste d’ouverture, visant à organiser la coexistence pacifique au sein de la société française. A ce titre, elle ne peut être invoquée comme « composante de notre identité collective », puisqu’elle s’inscrit « en creux ». Elle est un vide à remplir, par l’exercice de nos libertés individuelles et collectives, dont la liberté d’exprimer ses convictions. Sa limite traditionnelle est l’ordre public, cette définition juridique d’une vie sociale paisible et sereine, faite de sécurité, de santé, de tranquillité et de dignité de la personne humaine. C’est cela, la laïcité séparatiste de 1905.

La loi de 1905, en séparant les cultes de l’Etat, offre 3 assurances importantes : 
- La liberté de conscience, absolue, et la liberté de culte qui est garantie par l’Etat
- La neutralité de l’Etat qui assure la possibilité pour chacun d’exprimer ses opinions sans craintes
- L’égalité de tous devant la loi, croyants ou non-croyants.

Toute autre définition tient du discours idéologique, et ouvre la porte aux fanatismes, surtout pour des générations de jeunes qui entendent partout dire que la foi n’est pas chose de culture ou d’intelligence. Ce qui n’est pas le cas sur vos territoires.

Concluons voulez-vous ?

Dans ce cadre légal, qui donne une belle place à la liberté de conscience et à l’expression religieuse, une question se pose aux croyants. Que faites-vous de votre liberté religieuse ? C’est finalement cette question fondamentale qui répond à celle du titre de cette conférence. La laïcité fait-elle de l’Etat l’ennemi des religions ? Si vous êtes croyant et que vous répondez « OUI », et bien c’est de votre faute !

Vous voulez une République catholique ? Qu'en feriez vous ? A mes yeux « catholique » ne doit pas être utilisé un adjectif pur l’Etat. Il est neutre, et les croyants doivent faire avec. Et c’est plutôt pas mal, un Etat neutre : c’est un pays hospitalier où des cathos vivent leur foi parce qu’ils ont la liberté de le faire, qu’ils éduquent et convainquent par l’honnêteté de leur vie. N'est-ce pas en substance le discours tenu par le Président Macron lors de son allocution du mois d'avril dernier aux Bernardins ? C'est ce que j'en ai déduit (lire ici).

Un Etat neutre permet que les religions ne se comportent pas comme des associations privées organisatrices d’événements. Il leur offre de donner le sens du sacré des choses humaines, de proposer de relier les citoyens par des valeurs essentielles pour l’humanité.

Cela demande peut-être aux religions de changer de posture, en devenant, plutôt qu’un service un peu funèbre de la tradition, une sorte de « service public de l’espérance » au cœur duquel des femmes et des hommes exemplaires, à l’invitation du Pape François, servent la vérité et non l’assènent, et travaillent ainsi pour la justice et pour la liberté. Je vous remercie de votre attention.




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Cordialement,
Marc Guidoni