jeudi 17 mars 2016

Barbarin : faut-il ajouter l'outrance à l'outrage ?

Ne nous laissons pas gagner par la haine. La seule chose insupportable dans cette affaire, c'est le silence qui entoure la souffrance des enfants, des adultes meurtris et des fidèles trahis. 



Merci d'emblée de ne pas me prêter quelconque complaisance envers les criminels qui ont abusé ou ne serait-ce que tenter d'abuser des enfants. Simplement, face à ce crime insupportable je n'en peux plus de ne lire que des insultes et des surenchères de haine, par ceux-là même qui les dénoncent dès qu'il s'agit d'autres sujets, d'autres cibles.

Cardinal delenda est

Depuis quelques jours les médias français participent à la promotion du film oscarisé Spotlight d'une bien étrange manière. Bien aidés par des socionautes prompts à déchaîner la haine envers qui ce soit, ce manège devrait assurer au film un succès mérité, tandis qu'il permet de reléguer au fond du journal les problèmes qui hier encore faisaient la Une.

La victime du moment s'appelle Barbarin, un prêtre, un évêque, un cardinal. Un homme aussi. La France tient là le bouc émissaire de multiples rancunes qui remontent à Jeanne d'Arc, aux Trois Mousquetaires et à la Révolution. Le responsable majeur des scandales de l'Eglise de France, qu'il s'agisse de pédophilie, d'obscurantisme et de repli identitaire.

La bête est bien belle en effet. Parée de la pourpre cardinalice il s'agit de celle-là même qui jadis appelait la France à la prière un 15 août pour sauver les enfants d'une situation improbable, grandir dans une famille homosexuelle. Celle qui cruelle annonçait après le mariage gay la levée de la prohibition de l'inceste. Comment donc cet apôtre peut-il aujourd'hui rester en place, confronté à son ignominie. On oublie presque ce qu'il en est, le raccourci est vérité : Barbarin pédophile, tous les prêtres pédophiles.

Que nous arrive-t-il ? De quoi parle-t-on ? Tout le monde fait depuis deux jours fait le procès de l'Eglise, les hebdos se sont remplis si vite qu'on croirait presque les articles déjà écrits, comme pour la nécrologie d'une personnalité de premier plan tirée d'un tiroir à l'annonce de son décès.

Scandale et bons mots

Au mépris du plus essentiel de nos principes républicains, le Premier ministre en vient à évoquer l'autorité morale de l'Eglise pour exiger la démission d'un ecclésiastique, au lieu de continuer à ne pas reconnaître le culte catholique au nom de la laïcité. Et lorsque l'Education nationale avoue ses propres turpitudes, les "failles du système" (sic), la Ministre est mère courage, Barbarin reste là, père-la-pudeur trahi par les siens, jugé en place publique pour avoir dissimulé des faits qu'il a pourtant tant dénoncés. Comble du scandale, c'est un instant l'abbé Grosjean, chantre du catholicisme décomplexé et identitaire qui est identifié par le gouvernement comme le père-courage.

Quelques twittos ayant relevé l’infamie, pour compenser sans doute un nouveau membre du Gouvernement demande encore la démission du Cardinal, au nom des victimes dont elle tient le portefeuille, en écho au même Grosjean qui assénait avec la force de la vérité que l'Eglise serait du côté des victimes quel que soit le prix à payer. Quelle chienlit !

Comment y voir clair ? Comment comprendre de quoi il s'agit ? Comment raisonner, alors qu'il ne s'agit que de faire entendre qu'un cri, celui des victimes, justement, pas celui de la foule qui crie haro exigeant sur l'heure un procès public pour... Tiens... pourquoi déjà ?

A ceux qui ont oublié que Barbarin c'est aussi celui qui a défendu les Roms et les réfugiés, celui qui est allé en Irak pour rendre visibles les massacres dont sont victimes les minorités du Proche et du Moyen-Orient, toutes les minorités. Pour ceux-là, et pour tous les autres sait-on jamais, je poste ça là, pour méditer.

Code Pénal Article 434-1
Le fait, pour quiconque ayant connaissance d'un crime dont il est encore possible de prévenir ou de limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.


Que sommes-nous devenus ? Des frères ? Tu parles... Homo homini lupus... 
Dans l'aveuglement le plus total et le plus entretenu.

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Cordialement,
Marc Guidoni