mercredi 27 avril 2011

Jeux dangereux : quand la violence devient un loisir

When the night has come, and the land is dark, and the moon is the only light I see… Stand by me, un refrain connu, et aussi le titre d’un film qui racontait en 1986 l’histoire de 4 garçons de 12 ans réunis par un jeu aux vertus initiatiques : l’esquive de train.

A lire les statistiques de la SNCF, il semble que traverser la voie devant le TGV soit encore à la mode, rangé par des adolescents désœuvrés en mal de sensations fortes dans la catégorie des « dangerous games », parmi les jeux dits de « la tomate » ou du « foulard ». Mais lorsque ces expériences deviennent fatales, qu’elles pénètrent les cours d’école et banalisent la violence, sont-elles encore vraiment des jeux ?

Des pratiques déconcertantes

Dans le dossier du numéro spécial ‘Le monde des ados’ de Sciences Humaines de mai 2011, Jean-François Marmion consacre une double page passionnante à ces pratiques de cour de récréation qui consistent, le plus loin possible de l’attention des adultes, à se mettre en danger le plus souvent par l’asphyxie ou la violence (Jeux dangereux).

Des pratiques auto-administrées, ou infligées par le groupe par défi ou par simple curiosité. En principe, rappelle le rédacteur, on s’étrangle ou on se laisse étranger jusqu’au bord de l’évanouissement pour goûter aux sensations extatiques de la near death experience. Mais ça ne marche pas toujours… Quant aux ‘jeux d’agression’, c’est parfois plusieurs fois par jour que des enfants ou des adolescents sont battus ou insultés, gratuitement…

A ces expériences s’ajoutent les ‘jeux de morts’ catégorisés par les psychologues. Il s’agit de situations dangereuses recherchées par des jeunes, le plus souvent des garçons de 12 ou 13 ans, pour le danger lui-même. Drôles de jeux : se lancer à toute allure dans une rue en sens interdit, traverser en courant au passage du métro ou du train, se jeter de sa fenêtre vers l’arbre du jardin… Autant de cascades dont les adolescents sont témoins à travers le net ou la télé avec des héros déjantés comme les gars de Jackass et autres Rémi Gaillard.

Et que dire lorsqu’on constate que les politiques de prévention développées par l’Education nationale et ses partenaires peinent à fournir des résultats, sans compter qu’elles sont accusées de favoriser certaines passages à l’acte puisqu’elles créent un nouvel interdit à transgresser…

Jeu ou violence ?

Je crois, comme certains spécialistes le suggèrent, qu’il est urgent d’appréhender de façon réaliste ces pratiques. Ce ne sont pas des jeux, même si les observateurs distinguent les jeux dangereux du harcèlement à l’école que l’actualité a mis sur le devant de la scène.

C’est vrai après tout, le ‘school bullying’ est la situation où un élève est brutalisé de manière systématique et régulière au long d’une année scolaire. Ici, chacun peut se retrouver à la fois agresseur ou victime, désigné comme tel ou tel par le sort ou le hasard. Certes, mais ces pratiques ont en commun cette violence gratuite, qui semble exister, latente, dans les rapports sociaux qui se nouent sous les préaux et qui échappent au contrôle des adultes. Tous les préaux, toutes les écoles, tous les milieux…
Chaque jour des voix s’élèvent contre la violence faite aux animaux, contre l’exception culturelle de la corrida alors qu’approchent les ferias… Et dans les cours de nos écoles, de nos centres de vacances, dans les terrains vagues ou les cages d’escalier, … brutaliser un enfant est un loisir…

1 commentaire:

  1. Peut être vivons nous dans un monde où la violence permet aux jeunes de se "démarquer". Il suffit de regarder dans un premier temps les films : une légion de film sont violents. De plus, les jeux vidéo dont beaucoup (trop ?) raffole le sont encore plus ( GTA, Mafia, Bully ( GTA like en milieu scolaire)). Comment ne pas avoir d'envies de violences dans un monde qui ne montre que cela...
    L'actualité prouve également que l'Homme ne peut s’empêcher de se battre ( guerres, massacres, crimes...). L'innocence de la jeunesse n'est-elle plus qu'un mythe ?
    N.B : Les gens de chez Jackass répètent souvent que leurs cascades sont encadrées par des professionnels et qu'il ne faut en aucun cas faire pareil. Pour Rémi par contre, aucune excuse..

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Marc Guidoni