mardi 13 avril 2010

L’école demain : plus hautes grilles ou meilleurs profs ?

Les grandes orientations du Ministre de l’Éducation nationale pour faire reculer la violence au sein des établissements scolaires vont donc prioriser la formation des enseignants et la réforme du dispositif de sanctions. Enfin, après le renforcement des dispositifs de sécurité... Je ne nie pas que certains établissements soient devenus des zones de non-droit, à l’image des quartiers qui les abritent (dit-on). Ce n’est pas nouveau. Mais la présence renforcée des policiers et gendarmes n’est pas une mesure éducative … On se préoccupe donc toujours des conséquences, du symptôme, pas de la cause. A côté des internats d’excellence va-t-on assister à la création d’établissements disciplinaires ? J'ai la conviction que les collèges et les lycées doivent devenir des espaces républicains, des ‘sanctuaires’, pas des forteresses Il faut les ouvrir, pas les couvrir de grilles. Tout-sécuritaire contre tout-pédagogique, le débat est lancé …

Sur la formation, cela semble sous-entendre que, jusqu’ici, les profs étaient envoyés comme des brebis parmi les loups, sans même une information sur la gestion des situations difficiles, la régulation des conflits. Cela dit, quelles qualités faut-il sincèrement réunir pour ‘tenir sa classe’ ? On n’apprend pas à construire une relation saine avec les élèves, notamment en les associant à leurs apprentissages, comme on apprend à écrire au tableau. La responsabilité de ces carences tient pour moi au ‘devenir élève’ qui reste un objectif du premier degré. Faire des enfants des élèves permet de ne plus les traiter comme des enfants, mais n’arme pas les enseignants à faire face à des adolescents. A mon avis ce qui fait principalement défaut, une solide formation à l’écoute et une analyse régulière des pratiques. La masterisation peut-elle structurellement permettre cette évolution, alors que les syndicats la désigne comme la négation de l’existence du ‘métier’ d’enseignant ?

L’idée de création du ‘préfet des études’ est étonnante. Oublie-t-on le rôle joué par les conseillers d’éducation dans les établissements ? Depuis plusieurs années nombre d’entre eux proposent cet écoute et cet accompagnement que les enseignants, prisonniers des échéances du programme et de la pression de la réussite aux examens, ne peuvent souvent offrir. Ce qui est nouveau, c’est qu’il semble que les proviseurs pourront choisir leur personnel. Cela pose des questions que je ne formule pas par respect pour les personnes …

Quant à la question des sanctions, je suis plus sensible à cette volonté de rendre le système disciplinaire scolaire encore plus respectueux des droits des élèves. Particulièrement, la création de décisions qui vont donner à l’exclusion son caractère exceptionnel. C'est évident, à défaut de toute alternative éducative, l’exclusion entraîne vers un désœuvrement et une errance criminogènes. Enfin, la motivation des sanctions, quelle heureuse initiative !

Pour aller plus loin :
Toutes les annonces de Luc Chatel sur le site des Etats généraux de la sécurité à l'école
Un texte fort sur la vie quotidienne d'une enseignante

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Cordialement,
Marc Guidoni